Journal Breton – saison 2 (Epilogue)

Journal Breton – saison 2 (Epilogue)

Épisode 13 : Epilogue 1 : Les bouleversements de l’été

Après une immersion de trois ans en Bretagne intérieure dans la commune de Maël-Pestivien et alentours, le Journal breton arrive à son terme. Il revient sur les bouleversements de l’été.

Depuis trois ans, Inès Léraud tient son journal breton : une immersion en vingt épisodes dans la commune de Maël-Pestivien, au cœur des Côtes d’Armor. Avant-dernier épisode de la série, l’épilogue 1 revient sur la mobilisation des apiculteurs au printemps et l’arrivée de Julie dans le village, qui s’en est allée de la Drôme pour devenir vachère.

Jean-Daniel est apiculteur et a 70 ruches dispersées dans la campagne autour de Rostrenen. Mais situé à 500 mètres à peine de son élevage se trouve un champ de maïs traité aux néonicotinoïdes.

J’ai perdu les deux-tiers de mon cheptel. Jean-Daniel, apiculteur.

José, également apiculteur, a quant à lui perdu la moitié de ses ruches. Révolté par l’hécatombe ayant frappé la Bretagne cette année, il a décidé d’agir. Pour tirer la sonnette d’alarme, il a sillonné la région avec quelques uns de ses collègues pendant plusieurs jours, traînant à l’arrière d’une camionnette les ruches décimées cet hiver.

On estime qu’environ 20 000 colonies ont été décimées cet hiver en Bretagne. Et on ne compte même pas les abeilles sauvages !

Pendant cinq jours, un « convoi mortuaire » mené par des apiculteurs a sillonné la Bretagne. À l’arrière d’une camionnette étaient transportées des colonies d’abeilles décimées cet hiver.• Crédits : Alexandre-Reza Kokabi

Pendant cinq jours, un « convoi mortuaire » mené par des apiculteurs a sillonné la Bretagne. À l’arrière d’une camionnette étaient transportées des colonies d’abeilles décimées cet hiver.• Crédits : Alexandre-Reza Kokabi

Un autre mouvement profond concerne les arrivées de nouveaux habitants. Ils viennent de la France entière voire de toute l’Europe pour vivre en Bretagne intérieure, là où les logements sont parmi les moins chers de France.

C’est le cas de Julie qui a abandonné la Drôme et son métier de potière pour s’installer comme vachère à Maël-Pestivien. Elle y a été rejointe par Denis, son premier amour, qui s’est également installé en tant que vacher dans une ferme bio.

Là-bas, ils appellent toutes les vaches par leur prénom et leur font même écouter de la musique. Denis, vacher.

En Bretagne, les apiculteurs protestent contre l’usage de néonicotinoïdes.• Crédits : Alexandre-Reza Kokabi

Chanson de fin : « La couleur de l’Orage » de Charkha – Album : La couleur de l’Orage

  • Reportage : Inès Léraud
  • Réalisation : Emmanuel Geoffroy

Merci à Jean-Daniel Bourdonnay, José Nadan, Dominique Huon, Julie Charlin et Denis.


Épisode 14 : Epilogue 2 : Trois ans en Bretagne, une investigation sous pression

Dernier épisode du Journal breton, qui clôt une immersion de trois ans dans un village agricole centre-breton.

Depuis trois ans, Inès Léraud tient son journal breton : une immersion en vingt épisodes dans la commune de Maël-Pestivien, au cœur des Côtes d’Armor.

Dernier épisode de la série, l’épilogue 2 fait le point sur les obstacles rencontrés par Inès Léraud ces derniers mois : les intimidations reçues par certains témoins et la manière dont les services de communication des grandes entreprises agroalimentaires tentent de décrédibiliser ses enquêtes.

  • Reportage : Inès Léraud
  • Réalisation : Emmanuel Geoffroy

Merci à Guillaume Robic, les employés de Triskalia, Morgan Large et Alice Sternberg.

Journal Breton – saison 2 (La fabrique du silence)

Journal Breton – saison 2 (La fabrique du silence)

épisode 5 : La fabrique du silence 1 : à l’abattoir

Durant quatre nouveaux  épisodes, Inès recueille des histoires de menaces, de pressions, et d’autocensures, qui perpétuent l’hégémonie de l’agro-industrie bretonne. Ça commence dans les abattoirs.

  • Reportage : Inès Léraud
  • Réalisation : Cécile Laffon

épisode 6 : La fabrique du silence 1 : les citoyens

Dans cet épisode, Morgan Large, conseillère municipale de Glomel, Sébastien Le Cam, habitant de Glomel, et André Ollivro, militant associatif à Hillion, simples citoyens, racontent les pressions, menaces, et injonctions au silence qu’ils ont rencontrées lorsqu’ils ont voulu parler des pollutions produites par le système agroalimentaire breton.

Lien vers une émission de France Inter – Interception « Une histoire de grains pourris » (1ère partie d’une enquête sur Triskalia) diffusée le 22 février 2015

Lien vers une émission de France Culture – Sur les Docks « Collection Particulière : Paysans et salariés de l’agroalimentaire breton » (seconde partie de l’enquête sur Triskalia) diffusée le 26 février 2015

Chanson de fin : « Cover me over » par Slow Joe & the Ginger accident – album : « Sunny side up » (2011) – Label : Musique sauvage.

  • Reportage : Inès Léraud
  • Réalisation : Clémence Gross

Épisode 7 : La fabrique du silence : le lycée agricole

Enquête sur les pressions exercées par les Jeunes Agriculteurs, syndicat proche de la FNSEA, sur la pédagogie d’un lycée agricole.

Chanson de fin : « Killing in the name » par La Maison Tellier – Album : « La Maison Tellier » (2006) – Label : Euro-visions.

  • Reportage : Inès Léraud
  • Réalisation : Philippe Baudouin

Épisode 8 : La fabrique du silence : les agriculteurs sous la pression des industriels

« Ils ont sur nous un droit de vie ou de mort ». Un producteur de lait et un éleveur dénoncent les pratiques et les intimidations des industriels du secteur, dont Lactalis.

Dans cet épisode, des éleveurs racontent les terribles pressions qu’ils subissent de la part des groupes industriels pour lesquels ils travaillent, lorsqu’ils tentent de remettre en cause leurs conditions de travail.

Depuis maintenant plus de deux ans, Inès Léraud a emménagé dans le hameau de Coat-Maël au cœur de la première région agroalimentaire de France, la Bretagne.

Chanson de fin : « Sombaraï » par Mathias Duplessy – Album : « My Mongolia » (2012) – Label : Absilone Duplessy.

  • Reportage : Inès Léraud
  • Réalisation : Philippe Baudouin

Épisode 9 : La fabrique du silence : les agriculteurs sous la pression de la FNSEA

« On aura les moyens de vous faire rentrer dans les rangs. » Trois agriculteurs racontent comment les coopératives et la FNSEA amènent les éleveurs à produire toujours plus et abandonnent ceux qui ne s’y résignent pas.

A travers l’histoire de sa vache Penn Gwenn, Christiane Pouliquen, ancienne productrice de lait, raconte comment son activité a cessé lorsque la coopérative pour laquelle elle travaillait n’a plus trouvé rentable de venir chercher le lait des petits éleveurs laitiers.

René Louail a critiqué l’utilisation d’OGM par sa coopérative. En réponse, de manière insidieuse et pour le mettre en défaut, celle-ci a effectué cinquante et un contrôles qualité en un an sur son exploitation, au lieu de quatre habituellement.

Marie raconte pourquoi, suite à la maladie de l’un de ses enfants, elle a décidé de quitter l’agriculture intensive et de se reconvertir à la biodynamie. Elle décrit les pressions et menaces qu’elle a alors subies de la part de la FNSEA et de ses voisins adhérents à ce syndicat.


Épisode 10 : La fabrique du silence : les agriculteurs sous la pression de l’administration

Dans ce nouvel épisode du journal Breton, Inès Léraud s’intéresse à l’informatisation à marche forcée des exploitations agricoles.

La révolution numérique touche déjà de plus en plus d’exploitations françaises, pour gérer, surveiller et mieux analyser la production et les rendements. C’est ce qu’on appelle désormais « l’agtech » ou l’« Agriculture 4.0 ».  D’ores et déjà, les agriculteurs qui le souhaitent peuvent installer des caméras pour surveiller leurs troupeaux, installer des GPS embarqués dans leurs tracteurs, numériser les données de leurs exploitations et suivre des bulletins météos calibrés et adaptés aux sols grâce à des capteurs. Les expérimentations sur les voitures autonomes devraient à terme permettre de fabriquer des machines intelligentes. L’histoire ne dit pas comment leurs données sont protégées ni avec qui elles sont partagées.

Numériser les animaux, c’est permettre le contrôle des éleveurs, pas des bêtes.

Les agriculteurs deviennent ainsi des consommateurs toujours plus accros aux technologies de pointe, qui récoltent leurs données et dressent des modèles prédictifs. Certains exploitants, pourtant, décident de résister à l’emprise grandissante du numérique. 

Laetitia Monthuley, éleveuse de volailles en plein air en Bretagne ; Pierre Mestre et Matthieu Amiech du collectif « Faut pas pucer » dans le Tarn, racontent les obligations d’informatiser leurs élevages auxquels ils sont soumis, et les raisons de leur désobéissance.

Nous remercions Laetita Monthuley, Pierre Mestre, et Matthieu Amiech, éditeur à La Lenteur, et membre du groupe M.A.R.C.U.S.E.


Épisode 11 : La fabrique du silence – La disparition

Rencontre avec un couple d’agriculteurs qui, face aux pressions des industriels et de l’Etat sur les petits éleveurs, a choisi de « disparaître » administrativement et de pratiquer son activité dans la clandestinité.

Selon des chiffres du ministère de l’Agriculture qui remontent à 2013, entre 250 et 260 exploitations agricoles disparaissent chaque semaine. En vingt ans, la France a vu leur nombre diminuer de moitié. Selon d’autres projections, en Bretagne, c’est une ferme sur cinq qui aura disparu d’ici 2025, essentiellement des exploitations individuelles au profit de regroupements spécialisés dans le porc notamment.

La disparition des agriculteurs, c’est aussi le taux alarmant des suicides dans la profession. En moyenne, tous les deux jours, un agriculteur met fin à ses jours dans notre pays. Les deux tiers ont entre 45 et 55 ans, une catégorie qui regroupe les paysans les plus endettés. La Bretagne et les Pays de la Loire comptent parmi les régions les plus touchées.

Enfin, il y a ceux qui choisissent la clandestinité, qui préparent leur disparition hors des radars de l’administration, avec les inconvénients et les risques que cela implique … 

Nos clients sont les complices de notre illégalité, tout le monde le sait et nous soutient.

Chanson de fin  : « Bella Ciao » par Pee Bee – Album : Dolce Vita (2017).

  • Reportage : Inès Léraud
  • Réalisation : Clémence Gross

Épisode 12 : La fabrique du silence : retour à Glomel

Suite au témoignage de la conseillère municipale d’opposition dans notre Journal breton 6, la subvention qu’attribuait la ville de Glomel à la radio locale RKB, a été supprimée. Enquête sur les raisons de cette suppression, qui met à jour les pressions insidieuses qui s’exerce sur les associations.

Suite au témoignage de la conseillère municipale d’opposition Morgan Large dans notre Journal breton 6 (saison 2) la subvention qu’attribuait la ville de Glomel à la radio locale RKB, a été supprimée. Enquête sur les raisons de cette suppression, qui met à jour les pressions insidieuses qui s’exercent sur les associations et sur la presse locales.

C’est un fonctionnement courant : si on est pas dans la ligne, si on plaît pas, on n’aura pas de subventions. Parce qu’il n’y pas de critères définis précisément pour leur attribution. Hervé le Gall, conseiller municipal à Glomel, dans l’opposition.


Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire

Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire

Nous relayons ici le communiqué du comité de soutien à Inès qui s’est monté suite aux tentatives d’intimidation dont elle fait l’objet.

Pétition à signer en ligne sur Cyberacteurs  (voir les signataires): https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/dynfendonslalibertyndinformersurles-3791.html

Contact: [email protected]

Contacts presse:

  • Serge Le Quéau: 06 80 95 85 17
  • Yves-Marie Le Lay: 06 12 74 34 56

La presse en parle


Tribune parue sur Libération.

La crise sanitaire actuelle nous le montre : la vigilance pour la sauvegarde des libertés fondamentales est un combat à reprendre sans trêve. Pour certains, cet attachement semble un luxe dont on pourrait se passer quand la situation est dictée par l’urgence. Cette idée reçue constitue une erreur dangereuse. C’est pourquoi, même si tout semble nous inviter à regarder ailleurs et à s’accommoder de régressions démocratiques prétendument inévitables, il nous importe de porter à la connaissance publique une affaire qui attire notre plus grande attention.

Crédits : Algues vertes – L’histoire interdite | Inès Léraud et Pierre Van Hove | La revue dessinée | Delcourt

Nous sommes des militants associatifs, agriculteurs, scientifiques, auteurs, avocats, journalistes, syndicalistes, élus, citoyennes et citoyens. Nous estimons qu’il est de notre devoir, moral et civique, de faire connaître la situation inacceptable rencontrée par la journaliste Inès Léraud. Nous appelons à la soutenir alors que des intimidations et procès visent à faire taire son activité. Plus généralement, nous entendons défendre la liberté d’informer face aux intérêts privés qui aimeraient la restreindre.

Inès Léraud est une journaliste connue pour avoir beaucoup enquêté sur l’industrie agroalimentaire en Bretagne. Elle s’est notamment immergée dans un village breton et a suivi de près l’intoxication par les pesticides dont ont été victimes des salariés de la plus grande coopérative agricole bretonne, Triskalia. Par des reportages diffusés sur France Inter et France Culture notamment, elle a mis au grand jour des pratiques courantes, illégales et souvent dangereuses, mises en œuvre par certains puissants acteurs du secteur agroalimentaire. Ces pratiques, hélas, se sont révélées régulièrement «couvertes» par des administrations et les élus. Cette journaliste, dont le travail a été notamment salué par le quotidien le Monde, s’est aussi intéressée aux «marées vertes» qui se sont répandues sur les côtes bretonnes depuis l’avènement de l’élevage industriel. Cet intérêt a débouché sur une bande dessinée réalisée en collaboration avec Pierre Van Hove aux éditions La Revue dessinée-Delcourt (2019), Algues vertes, l’histoire interdite, un album qui connaît un retentissant succès. Suite à cette publication, deux séries d’évènements nous alertent.

Pressions et intimidations : la fabrique du silence

En mars 2020, l’hebdomadaire le Canard enchaîné révèle que la venue de la journaliste au Salon du livre de Quintin (Côtes-d’Armor) a été annulée après l’intervention auprès de l’équipe du salon d’un élu de la municipalité. Ce dernier est par ailleurs salarié de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor (dirigée par la FNSEA). Un peu plus tôt, la journaliste avait appris qu’une maison d’édition régionale avait préféré renoncer à son projet de traduction en breton de la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite, par peur de perdre des subventions du Conseil régional de Bretagne.

Quelques mois plus tôt, fin 2019, Inès Léraud a été visée par une plainte en diffamation de Christian Buson, un personnage phare du paysage agroalimentaire breton. Il est directeur d’un «bureau d’études en environnement», le GES, qui prodigue des conseils à destination des agro-industries (près de 4 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel). Il est aussi président de l’Institut technique et scientifique de l’environnement (ISTE) fondé entre autres par les entreprises Lactalis, Daucy et Doux en 1996. Cet institut est notamment connu pour propager des thèses sur les marées vertes favorables au secteur agro-alimentaire. Il est enfin secrétaire général de l’Association francophone des climat-optimistes (AFCO) qui lutte contre la diffusion des informations scientifiques relatives au réchauffement climatique.

Dès 2017, Christian Buson n’hésitait pas à dénigrer la journaliste après la diffusion de ses enquêtes sur les marées vertes bretonnes sur les ondes radio. Il lui écrivait par courriel : «Vous pourrez postuler pour le Prix Elise Lucet de la désinformation […] Je vous souhaite évidemment une brillante carrière». La plainte en diffamation qu’il lui intente par la suite ressemble à une vendetta ad hominem : elle ne vise aucunement, comme il est de coutume, la journaliste et le directeur de publication (ou l’éditeur), mais uniquement la journaliste. Elle est par ailleurs déposée dans la boîte aux lettres de la maison où Inès Léraud vivait quand elle menait ses enquêtes dans un hameau, au cœur du centre-Bretagne. Prêtée par des proches, cette maison n’a jamais été sa résidence officielle. Une manière subtile de lui dire : «on sait où vous trouver» ?

Christian Buson a renoncé à sa plainte quelques jours avant l’audience prévue le 7 janvier 2020, alors que la journaliste et son avocat avaient préparé leur dossier de défense. Une preuve que cette attaque judiciaire était une tentative d’intimidation.

Doit-on laisser la Bretagne devenir le far-west ?

Quelques mois plus tôt, Jean Chéritel, PDG du groupe Chéritel, dépose une plainte en diffamation contre Inès Léraud, suite à la publication de son enquête intitulée «Travail dissimulé, fraude sur les étiquettes : les multiples abus d’un groupe agro-industriel breton» (Bastamag, 26 mars 2019). Le groupe Chéritel est un important grossiste en fruits et légumes, qui revendique 45 millions de chiffre d’affaires et 120 salariés. Il approvisionne les enseignes Leclerc, Intermarché, Auchan, Carrefour, Système U, Aldi ou encore Quick et KFC.

Jean Chéritel n’en est pas à sa première procédure judiciaire destinée à inhiber le travail journalistique. En 2015, il attaque en diffamation le quotidien régional le Télégramme suite à la publication d’un article sur l’emploi illégal de travailleurs bulgares au sein du groupe. Le Télégramme perd alors son procès. Mais, trois ans plus tard, en décembre 2018, les révélations du quotidien régional sont confirmées : le groupe Chéritel est condamné par le tribunal de grande instance de Saint-Brieuc à 261 610 euros d’amende pour «délit de marchandage […] commis à l’égard de plusieurs personnes : opération illégale à but lucratif de fourniture de main-d’œuvre». Son gérant, Jean Chéritel, écope de 10 000 euros d’amende, deux mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer l’activité de sous-entrepreneur de main-d’œuvre. Le groupe et son gérant ont fait appel.

Le procès intenté au Télégramme agit comme un bâillon invisible sur la presse bretonne. Après lui, celle-ci ne s’intéresse plus guère à cette entreprise. En 2017, lorsqu’une source appelle des journaux locaux pour leur faire part d’une fraude massive sur les tomates au sein du groupe Chéritel, les rédactions se censurent et ne donnent pas suite. Avertie par des confrères, Inès Léraud décide d’enquêter. Ce travail lui prend six mois. Elle découvre aussi bien les fraudes de Jean Chéritel que sa façon d’anéantir les critiques, dans l’entreprise comme au dehors. Elle s’étonne également de l’absence de syndicat au sein du groupe, qui comprend pourtant 120 salariés ! Bastamag décide de publier cette enquête. Ce journal, coordonné par Agnès Rousseaux et Ivan du Roy, est connu pour avoir mené plusieurs investigations sur le groupe Bolloré et remporté les nombreuses procédures intentées par cet industriel. Quelques mois après la publication de l’enquête, le groupe Chéritel est condamné à près de 100 000 euros d’amende et son gérant à  une peine de prison avec sursis pour maquillage de l’origine de ses produits (novembre 2019). Quoique multi-condamnée en première instance, cette entreprise continue de s’en prendre à celles et ceux qui tentent d’informer sur ses pratiques contestables. Ainsi, la procédure qu’elle vient d’intenter contre Inès Léraud. Elle débouchera sur une audience au TGI de Paris qui aura lieu les 20 et 21 janvier 2021.

La liberté d’informer, un instrument démocratique à protéger

En 2020, en France, une journaliste est donc inquiétée sur deux fronts pour n’avoir fait que son travail : informer ses concitoyens sur le fonctionnement de l’industrie agro-alimentaire, secteur économique central en Bretagne. Comment une telle stratégie d’intimidations et de menaces est-elle possible dans un territoire de la République ? Certains acteurs de l’agro-alimentaire seraient-ils au-dessus des lois au point, non seulement de contrevenir au droit, mais aussi de tout faire pour que personne ne puisse le faire savoir ?

Nous, citoyennes et citoyens, militants associatifs, agriculteurs, scientifiques, chefs cuisiniers, avocats, journalistes, élus, syndicalistes, auteurs, nous ne nous résignons pas face à ces attaques envers la liberté d’informer. Celle-ci est déjà mise à l’épreuve par la tendance à sanctuariser le «secret des affaires» au profit des grandes puissances économiques. Nous en sommes persuadés : nos démocraties, au niveau national comme au niveau régional, ont besoin de cette liberté qui, seule, garantit l’effectivité de contre-pouvoirs citoyens. Cette liberté d’informer s’exerce à l’égard des pouvoirs politiques ; il importe qu’elle s’exerce aussi envers les puissances économiques et financières qui ont pris une importance considérable dans notre société. Ces dernières doivent donc être soumises aux devoirs qui s’appliquent à tout un chacun.

En tant que citoyen, chacun a le droit de connaître la réalité pour être en capacité d’exprimer librement ses choix politiques, quels qu’ils soient. Soutenir la journaliste Inès Léraud face à de tels agissements, c’est défendre la liberté d’information, ce bien démocratique si précieux.


Les signataires

  • Pierre-Henri ALLAIN, journaliste
  • Edith ANDOUVLIE, maire d’Us
  • Yann Arthus-BERTRAND, photographe et réalisateur
  • Florence AUBENAS, journaliste
  • Isabelle ATTARD, ancienne députée
  • Pierre AUROUSSEAU, agronome
  • Raymond AVRILLIER, maire-adjoint honoraire de Grenoble
  • Delphine BATHO, députée, ancienne ministre del’Ecologie
  • Jacques BENZAKOUN, journaliste
  • Nicolas BERARD, journaliste
  • Michel BESNARD, militant associatif
  • Eric BEYNEL, porte-parole de l’union syndicale Solidaires
  • Yves BILLON, syndicaliste
  • Benoît BITEAU, agriculteur, agronome, député européen
  • Michel BLIN, agronome
  • Sylvie BOURBIGOT, ancienne conseillère générale
  • José BOVE, ancien député européen
  • Hubert BUDOR, cinéaste
  • Henri BUSNEL, militant associatif
  • Jacques CAPLAT, chercheur en agronomie
  • Michèle CARMES, élue municipale
  • Amandine CASADAMONT, artiste-auteur
  • Fabien CHARBONNIER, paysan
  • Hélène CHAUVEAU, chercheuse en géographie
  • Denis CHEISSOUX, producteur de radio
  • AnneLaure CHOUIN, journaliste radio
  • Jean-Marc CLERY, syndicaliste
  • David COCAULT,syndicaliste
  • Yves COCHET, ancien ministre de l’Environnement
  • Joseph CONFAVREUX,journaliste
  • Daniel CUEFF, maire de Langouet
  • Emilien COUSIN, membre du bureau national du mouvement Utopia
  • Olivier CUZON, syndicaliste
  • Mirjam CZJZEK, chercheure(CNRS) en biochimie
  • Katia DANOFFRE, militante associative
  • Etienne DAVODEAU, auteur de bande-dessinée
  • Serge DA SILVA, syndicaliste
  • Brigitte DEBREU-MILON, militante associative
  • Sylvie DERRIEN, militante associative
  • Patrice DESCLAUD, militantécologiste
  • Mathias DESTAL, cofondateur de Disclose
  • Pascal DEUX, réalisateurradiophonique
  • Yvette DORE, ancienne maire d’Hillion
  • Thomas DUBREUIL, avocat endroit de l’environnement
  • François DUFOUR, paysan et conseiller régional de Normandie
  • Dominique DUHAMEL, militant associatif
  • Vincent ESNAULT, élu local et militant environnementaliste
  • Pierre ETIENNE, militant associatif
  • Alexandre FARO, avocat en droitde l’environnement
  • Léa FEHNER, cinéaste
  • Elise FELTGEN, libraire
  • Muriel FIANACCA, militante associative écologiste
  • Stéphane FOUCART, journaliste
  • Laurence FRANCHISSE-REYNAUD, comptable
  • Claude FUSTIER, militant environnementaliste
  • Marie-Claude GARCIA, militante associative
  • André GARCON, syndicaliste
  • Nicole GELLOT, journaliste
  • Lisa GIACHINO, journaliste
  • Fabien GINISTY, journaliste
  • Jean-Marie GOATER, éditeur
  • Marion GORGIARD, militante associative
  • Alain GOUTAL, dessinateur
  • Corinne GRAVIGNY, militante associative
  • Morgane GUESSANT, syndicaliste
  • Eric GUERET, réalisateur
  • Dominique GUIHO, militant associatif
  • Jean-Paul GUYOMARC’H, chercheur en biologie
  • Xavier HAMON, membre de l’Alliance Slow Fooddes Cuisiniers
  • Jean HASCOET, militant environnementaliste
  • Jean-Luc HERROU, militantassociatif
  • Pierre HINARD, agronome et éleveur
  • Marie-Jeanne HUSSET, présidente d’Agir pour l’environnement
  • Daniel IBANEZ, économiste
  • Yannick JADOT, député européen
  • Stéphen KERCKHOVE, délégué général d’Agir pour l’Environnement
  • Perrine KERVRAN,productrice radio et documentariste
  • Alexandre-Reza KOKABI, journaliste
  • Ingrid KRAGL, directrice de l’information de l’ONG Foodwatch
  • Joël LABBE, sénateur
  • Fleur LACARELLE, paysanne
  • François LAFFORGUE, avocat
  • Denis LAGRUE, vétérinaire
  • Guy LALUC, journaliste (presse agricole)
  • Morgan LARGE, élue locale et animatrice radio
  • Nadine LAUVERJAT, coordinatrice de Générations Futures
  • Carole LE BECHEC, membre du CESER de Bretagne
  • Catherine LEBLANC, directeur de recherche au CNRS (biologiemarine)
  • Yvan LE BOLLOC’H, ex-animateur TV et musicien
  • Félix LE GARREC, réalisateur
  • Nicole LE GARREC, réalisatrice
  • Jean-René Le GLATIN, militant associatif
  • Jean-Luc LE GUELLEC, syndicaliste
  • Annie LE GUILLOUX, militante associative
  • Yves-Marie LE LAY, militant associatif
  • Corinne LEPAGE, avocate, ancienne ministre de l’Environnement
  • Jeanne LE PIVERT, militante associative
  • Serge LE QUEAU, syndicaliste
  • Jade LINDGAARD, journaliste
  • Laurent LINTANF, militant associatif
  • Geoffrey LIVOLSI, co-fondateur du média Disclose
  • René LOUAIL, paysan, syndicaliste, ancien conseiller régional de Bretagne
  • Gilles LUNEAU, journaliste et réalisateur
  • Mathieu MAURIES, paysan
  • Alain MENESGUEN, chercheur en océanographie
  • Michel MERCERON, chercheur honoraire en biologie
  • Daniel MERMET, journaliste
  • Guillaume MEURICE, humoriste
  • Janick MORICEAU, ancienne conseillère régionale
  • Gildas MORVAN, adjoint au maire à Tréduder
  • Yasmine MOTARJEMI, ex-responsable de lasécurité sanitaire des aliments à Nestlé
  • Amélie MOUGEY, journaliste
  • Fabrice NICOLINO, journaliste
  • Jonathan NOSSITER, réalisateur
  • André OLLIVRO, militant écologiste
  • Mariana OTERO, cinéaste
  • Véronique PELLERIN, journaliste radio
  • Catherine PERROUD-KIBLER, agro-économiste
  • Pierre PEZERAT, réalisateur
  • Pierre PHILIPPE, médecin urgentiste
  • Anton PINSCHOF, paysan et syndicaliste
  • Fabien PLASTRE, servicecommunication du journal l’Âge de faire
  • Philippe POTIN, biologiste marin (CNRS)
  • Jean-Yves QUEMENEUR, militant associatif
  • Véronique REBEYROTTE, journaliste
  • Yorghos REMVIKOS, professeur en santé environnementale
  • Maxime RENAHY, investigateuréconomique
  • Gildas RENOU, universitaire en science politique
  • Bruno de REVIERS de MAUNY, chercheur en biologie (MNHN)
  • Andréa RIGAL-CASTA, avocat
  • Michèle RIVASI, députée européenne
  • Coline ROBERT, avocate
  • Lydia ROBIN, secrétaire derédaction
  • Marie-Monique ROBIN, journaliste et écrivaine
  • Olivier ROELLINGER, chef cuisinier
  • Laëtitia ROUXEL, auteure de bande dessinée
  • François RUFFIN, député
  • Agnès SACHSE, professeure d’art équestre
  • Bernard SACHSE, professeur d’art équestre
  • Etiennede SAINT-LAURENT, militant associatif
  • Jean SARRASIN, militant écologiste
  • Viviane SERRANO, syndicaliste
  • Khaled SID MOHAND, journaliste
  • Alain STEPHAN, syndicaliste
  • Jean-Michel TAILLANDIER, nivologue
  • Annie THEBAUD-MONY, sociologue de la santé (INSERM)
  • Mathieu THEURIER, vice-président de la métropole de Rennes
  • Thierry THOMAS, paysan et syndicaliste
  • Aurélie TROUVE, agroéconomiste, porte-parole d’ATTAC
  • Alain UGUEN, militant écologiste, ancien conseiller régional
  • Gabriel ULLMANN, expert judiciaire en environnement
  • Elise VAN BENEDEN, présidente d’Anticor
  • François VEILLERETTE, directeur de Générations Futures