Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire
Nous relayons ici le communiqué du comité de soutien à Inès qui s’est monté suite aux tentatives d’intimidation dont elle fait l’objet.
Pétition à signer en ligne sur Cyberacteurs (voir les signataires): https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/dynfendonslalibertyndinformersurles-3791.html
Contact: [email protected]
Contacts presse:
- Serge Le Quéau: 06 80 95 85 17
- Yves-Marie Le Lay: 06 12 74 34 56
La presse en parle
- Ouest France le 14 mai 2020 : Saumur. Une pétition en soutien au travail de la journaliste Inès Léraud
- Europe 1 le 14 mai 2020: Inès Léraud sur son enquête sur l’industrie agroalimentaire : « Les agriculteurs avaient peur de parler »
- Europe 1 le 16 mai 2020 : Inès Léraud : « Il n’y a plus de parole critique publique sur l’agroalimentaire en Bretagne »
- France 3 Bretagne le 20 mai 2020: Inès Léraud attaquée en justice pour avoir enquêté sur l’agroalimentaire breton : l’affaire devient politique
- Le Télégramme le 21 mai 2020 : La journaliste Inès Léraud attaquée en diffamation par un chef d’entreprise costarmoricain
- Ouest France le 22 mai 2020 : La journaliste Inès Léraud attaquée en diffamation par un chef d’entreprise costarmoricain
- Le Télégramme le 22 mai 2020 : Le comité de soutien à la journaliste Inès Léraud s’organise
La crise sanitaire actuelle nous le montre : la vigilance pour la sauvegarde des libertés fondamentales est un combat à reprendre sans trêve. Pour certains, cet attachement semble un luxe dont on pourrait se passer quand la situation est dictée par l’urgence. Cette idée reçue constitue une erreur dangereuse. C’est pourquoi, même si tout semble nous inviter à regarder ailleurs et à s’accommoder de régressions démocratiques prétendument inévitables, il nous importe de porter à la connaissance publique une affaire qui attire notre plus grande attention.
Nous sommes des militants associatifs, agriculteurs, scientifiques, auteurs, avocats, journalistes, syndicalistes, élus, citoyennes et citoyens. Nous estimons qu’il est de notre devoir, moral et civique, de faire connaître la situation inacceptable rencontrée par la journaliste Inès Léraud. Nous appelons à la soutenir alors que des intimidations et procès visent à faire taire son activité. Plus généralement, nous entendons défendre la liberté d’informer face aux intérêts privés qui aimeraient la restreindre.
Inès Léraud est une journaliste connue pour avoir beaucoup enquêté sur l’industrie agroalimentaire en Bretagne. Elle s’est notamment immergée dans un village breton et a suivi de près l’intoxication par les pesticides dont ont été victimes des salariés de la plus grande coopérative agricole bretonne, Triskalia. Par des reportages diffusés sur France Inter et France Culture notamment, elle a mis au grand jour des pratiques courantes, illégales et souvent dangereuses, mises en œuvre par certains puissants acteurs du secteur agroalimentaire. Ces pratiques, hélas, se sont révélées régulièrement «couvertes» par des administrations et les élus. Cette journaliste, dont le travail a été notamment salué par le quotidien le Monde, s’est aussi intéressée aux «marées vertes» qui se sont répandues sur les côtes bretonnes depuis l’avènement de l’élevage industriel. Cet intérêt a débouché sur une bande dessinée réalisée en collaboration avec Pierre Van Hove aux éditions La Revue dessinée-Delcourt (2019), Algues vertes, l’histoire interdite, un album qui connaît un retentissant succès. Suite à cette publication, deux séries d’évènements nous alertent.
Pressions et intimidations : la fabrique du silence
En mars 2020, l’hebdomadaire le Canard enchaîné révèle que la venue de la journaliste au Salon du livre de Quintin (Côtes-d’Armor) a été annulée après l’intervention auprès de l’équipe du salon d’un élu de la municipalité. Ce dernier est par ailleurs salarié de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor (dirigée par la FNSEA). Un peu plus tôt, la journaliste avait appris qu’une maison d’édition régionale avait préféré renoncer à son projet de traduction en breton de la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite, par peur de perdre des subventions du Conseil régional de Bretagne.
Quelques mois plus tôt, fin 2019, Inès Léraud a été visée par une plainte en diffamation de Christian Buson, un personnage phare du paysage agroalimentaire breton. Il est directeur d’un «bureau d’études en environnement», le GES, qui prodigue des conseils à destination des agro-industries (près de 4 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel). Il est aussi président de l’Institut technique et scientifique de l’environnement (ISTE) fondé entre autres par les entreprises Lactalis, Daucy et Doux en 1996. Cet institut est notamment connu pour propager des thèses sur les marées vertes favorables au secteur agro-alimentaire. Il est enfin secrétaire général de l’Association francophone des climat-optimistes (AFCO) qui lutte contre la diffusion des informations scientifiques relatives au réchauffement climatique.
Dès 2017, Christian Buson n’hésitait pas à dénigrer la journaliste après la diffusion de ses enquêtes sur les marées vertes bretonnes sur les ondes radio. Il lui écrivait par courriel : «Vous pourrez postuler pour le Prix Elise Lucet de la désinformation […] Je vous souhaite évidemment une brillante carrière». La plainte en diffamation qu’il lui intente par la suite ressemble à une vendetta ad hominem : elle ne vise aucunement, comme il est de coutume, la journaliste et le directeur de publication (ou l’éditeur), mais uniquement la journaliste. Elle est par ailleurs déposée dans la boîte aux lettres de la maison où Inès Léraud vivait quand elle menait ses enquêtes dans un hameau, au cœur du centre-Bretagne. Prêtée par des proches, cette maison n’a jamais été sa résidence officielle. Une manière subtile de lui dire : «on sait où vous trouver» ?
Christian Buson a renoncé à sa plainte quelques jours avant l’audience prévue le 7 janvier 2020, alors que la journaliste et son avocat avaient préparé leur dossier de défense. Une preuve que cette attaque judiciaire était une tentative d’intimidation.
Doit-on laisser la Bretagne devenir le far-west ?
Quelques mois plus tôt, Jean Chéritel, PDG du groupe Chéritel, dépose une plainte en diffamation contre Inès Léraud, suite à la publication de son enquête intitulée «Travail dissimulé, fraude sur les étiquettes : les multiples abus d’un groupe agro-industriel breton» (Bastamag, 26 mars 2019). Le groupe Chéritel est un important grossiste en fruits et légumes, qui revendique 45 millions de chiffre d’affaires et 120 salariés. Il approvisionne les enseignes Leclerc, Intermarché, Auchan, Carrefour, Système U, Aldi ou encore Quick et KFC.
Jean Chéritel n’en est pas à sa première procédure judiciaire destinée à inhiber le travail journalistique. En 2015, il attaque en diffamation le quotidien régional le Télégramme suite à la publication d’un article sur l’emploi illégal de travailleurs bulgares au sein du groupe. Le Télégramme perd alors son procès. Mais, trois ans plus tard, en décembre 2018, les révélations du quotidien régional sont confirmées : le groupe Chéritel est condamné par le tribunal de grande instance de Saint-Brieuc à 261 610 euros d’amende pour «délit de marchandage […] commis à l’égard de plusieurs personnes : opération illégale à but lucratif de fourniture de main-d’œuvre». Son gérant, Jean Chéritel, écope de 10 000 euros d’amende, deux mois de prison avec sursis et deux ans d’interdiction d’exercer l’activité de sous-entrepreneur de main-d’œuvre. Le groupe et son gérant ont fait appel.
Le procès intenté au Télégramme agit comme un bâillon invisible sur la presse bretonne. Après lui, celle-ci ne s’intéresse plus guère à cette entreprise. En 2017, lorsqu’une source appelle des journaux locaux pour leur faire part d’une fraude massive sur les tomates au sein du groupe Chéritel, les rédactions se censurent et ne donnent pas suite. Avertie par des confrères, Inès Léraud décide d’enquêter. Ce travail lui prend six mois. Elle découvre aussi bien les fraudes de Jean Chéritel que sa façon d’anéantir les critiques, dans l’entreprise comme au dehors. Elle s’étonne également de l’absence de syndicat au sein du groupe, qui comprend pourtant 120 salariés ! Bastamag décide de publier cette enquête. Ce journal, coordonné par Agnès Rousseaux et Ivan du Roy, est connu pour avoir mené plusieurs investigations sur le groupe Bolloré et remporté les nombreuses procédures intentées par cet industriel. Quelques mois après la publication de l’enquête, le groupe Chéritel est condamné à près de 100 000 euros d’amende et son gérant à une peine de prison avec sursis pour maquillage de l’origine de ses produits (novembre 2019). Quoique multi-condamnée en première instance, cette entreprise continue de s’en prendre à celles et ceux qui tentent d’informer sur ses pratiques contestables. Ainsi, la procédure qu’elle vient d’intenter contre Inès Léraud. Elle débouchera sur une audience au TGI de Paris qui aura lieu les 20 et 21 janvier 2021.
La liberté d’informer, un instrument démocratique à protéger
En 2020, en France, une journaliste est donc inquiétée sur deux fronts pour n’avoir fait que son travail : informer ses concitoyens sur le fonctionnement de l’industrie agro-alimentaire, secteur économique central en Bretagne. Comment une telle stratégie d’intimidations et de menaces est-elle possible dans un territoire de la République ? Certains acteurs de l’agro-alimentaire seraient-ils au-dessus des lois au point, non seulement de contrevenir au droit, mais aussi de tout faire pour que personne ne puisse le faire savoir ?
Nous, citoyennes et citoyens, militants associatifs, agriculteurs, scientifiques, chefs cuisiniers, avocats, journalistes, élus, syndicalistes, auteurs, nous ne nous résignons pas face à ces attaques envers la liberté d’informer. Celle-ci est déjà mise à l’épreuve par la tendance à sanctuariser le «secret des affaires» au profit des grandes puissances économiques. Nous en sommes persuadés : nos démocraties, au niveau national comme au niveau régional, ont besoin de cette liberté qui, seule, garantit l’effectivité de contre-pouvoirs citoyens. Cette liberté d’informer s’exerce à l’égard des pouvoirs politiques ; il importe qu’elle s’exerce aussi envers les puissances économiques et financières qui ont pris une importance considérable dans notre société. Ces dernières doivent donc être soumises aux devoirs qui s’appliquent à tout un chacun.
En tant que citoyen, chacun a le droit de connaître la réalité pour être en capacité d’exprimer librement ses choix politiques, quels qu’ils soient. Soutenir la journaliste Inès Léraud face à de tels agissements, c’est défendre la liberté d’information, ce bien démocratique si précieux.
Les signataires
- Pierre-Henri ALLAIN, journaliste
- Edith ANDOUVLIE, maire d’Us
- Yann Arthus-BERTRAND, photographe et réalisateur
- Florence AUBENAS, journaliste
- Isabelle ATTARD, ancienne députée
- Pierre AUROUSSEAU, agronome
- Raymond AVRILLIER, maire-adjoint honoraire de Grenoble
- Delphine BATHO, députée, ancienne ministre del’Ecologie
- Jacques BENZAKOUN, journaliste
- Nicolas BERARD, journaliste
- Michel BESNARD, militant associatif
- Eric BEYNEL, porte-parole de l’union syndicale Solidaires
- Yves BILLON, syndicaliste
- Benoît BITEAU, agriculteur, agronome, député européen
- Michel BLIN, agronome
- Sylvie BOURBIGOT, ancienne conseillère générale
- José BOVE, ancien député européen
- Hubert BUDOR, cinéaste
- Henri BUSNEL, militant associatif
- Jacques CAPLAT, chercheur en agronomie
- Michèle CARMES, élue municipale
- Amandine CASADAMONT, artiste-auteur
- Fabien CHARBONNIER, paysan
- Hélène CHAUVEAU, chercheuse en géographie
- Denis CHEISSOUX, producteur de radio
- AnneLaure CHOUIN, journaliste radio
- Jean-Marc CLERY, syndicaliste
- David COCAULT,syndicaliste
- Yves COCHET, ancien ministre de l’Environnement
- Joseph CONFAVREUX,journaliste
- Daniel CUEFF, maire de Langouet
- Emilien COUSIN, membre du bureau national du mouvement Utopia
- Olivier CUZON, syndicaliste
- Mirjam CZJZEK, chercheure(CNRS) en biochimie
- Katia DANOFFRE, militante associative
- Etienne DAVODEAU, auteur de bande-dessinée
- Serge DA SILVA, syndicaliste
- Brigitte DEBREU-MILON, militante associative
- Sylvie DERRIEN, militante associative
- Patrice DESCLAUD, militantécologiste
- Mathias DESTAL, cofondateur de Disclose
- Pascal DEUX, réalisateurradiophonique
- Yvette DORE, ancienne maire d’Hillion
- Thomas DUBREUIL, avocat endroit de l’environnement
- François DUFOUR, paysan et conseiller régional de Normandie
- Dominique DUHAMEL, militant associatif
- Vincent ESNAULT, élu local et militant environnementaliste
- Pierre ETIENNE, militant associatif
- Alexandre FARO, avocat en droitde l’environnement
- Léa FEHNER, cinéaste
- Elise FELTGEN, libraire
- Muriel FIANACCA, militante associative écologiste
- Stéphane FOUCART, journaliste
- Laurence FRANCHISSE-REYNAUD, comptable
- Claude FUSTIER, militant environnementaliste
- Marie-Claude GARCIA, militante associative
- André GARCON, syndicaliste
- Nicole GELLOT, journaliste
- Lisa GIACHINO, journaliste
- Fabien GINISTY, journaliste
- Jean-Marie GOATER, éditeur
- Marion GORGIARD, militante associative
- Alain GOUTAL, dessinateur
- Corinne GRAVIGNY, militante associative
- Morgane GUESSANT, syndicaliste
- Eric GUERET, réalisateur
- Dominique GUIHO, militant associatif
- Jean-Paul GUYOMARC’H, chercheur en biologie
- Xavier HAMON, membre de l’Alliance Slow Fooddes Cuisiniers
- Jean HASCOET, militant environnementaliste
- Jean-Luc HERROU, militantassociatif
- Pierre HINARD, agronome et éleveur
- Marie-Jeanne HUSSET, présidente d’Agir pour l’environnement
- Daniel IBANEZ, économiste
- Yannick JADOT, député européen
- Stéphen KERCKHOVE, délégué général d’Agir pour l’Environnement
- Perrine KERVRAN,productrice radio et documentariste
- Alexandre-Reza KOKABI, journaliste
- Ingrid KRAGL, directrice de l’information de l’ONG Foodwatch
- Joël LABBE, sénateur
- Fleur LACARELLE, paysanne
- François LAFFORGUE, avocat
- Denis LAGRUE, vétérinaire
- Guy LALUC, journaliste (presse agricole)
- Morgan LARGE, élue locale et animatrice radio
- Nadine LAUVERJAT, coordinatrice de Générations Futures
- Carole LE BECHEC, membre du CESER de Bretagne
- Catherine LEBLANC, directeur de recherche au CNRS (biologiemarine)
- Yvan LE BOLLOC’H, ex-animateur TV et musicien
- Félix LE GARREC, réalisateur
- Nicole LE GARREC, réalisatrice
- Jean-René Le GLATIN, militant associatif
- Jean-Luc LE GUELLEC, syndicaliste
- Annie LE GUILLOUX, militante associative
- Yves-Marie LE LAY, militant associatif
- Corinne LEPAGE, avocate, ancienne ministre de l’Environnement
- Jeanne LE PIVERT, militante associative
- Serge LE QUEAU, syndicaliste
- Jade LINDGAARD, journaliste
- Laurent LINTANF, militant associatif
- Geoffrey LIVOLSI, co-fondateur du média Disclose
- René LOUAIL, paysan, syndicaliste, ancien conseiller régional de Bretagne
- Gilles LUNEAU, journaliste et réalisateur
- Mathieu MAURIES, paysan
- Alain MENESGUEN, chercheur en océanographie
- Michel MERCERON, chercheur honoraire en biologie
- Daniel MERMET, journaliste
- Guillaume MEURICE, humoriste
- Janick MORICEAU, ancienne conseillère régionale
- Gildas MORVAN, adjoint au maire à Tréduder
- Yasmine MOTARJEMI, ex-responsable de lasécurité sanitaire des aliments à Nestlé
- Amélie MOUGEY, journaliste
- Fabrice NICOLINO, journaliste
- Jonathan NOSSITER, réalisateur
- André OLLIVRO, militant écologiste
- Mariana OTERO, cinéaste
- Véronique PELLERIN, journaliste radio
- Catherine PERROUD-KIBLER, agro-économiste
- Pierre PEZERAT, réalisateur
- Pierre PHILIPPE, médecin urgentiste
- Anton PINSCHOF, paysan et syndicaliste
- Fabien PLASTRE, servicecommunication du journal l’Âge de faire
- Philippe POTIN, biologiste marin (CNRS)
- Jean-Yves QUEMENEUR, militant associatif
- Véronique REBEYROTTE, journaliste
- Yorghos REMVIKOS, professeur en santé environnementale
- Maxime RENAHY, investigateuréconomique
- Gildas RENOU, universitaire en science politique
- Bruno de REVIERS de MAUNY, chercheur en biologie (MNHN)
- Andréa RIGAL-CASTA, avocat
- Michèle RIVASI, députée européenne
- Coline ROBERT, avocate
- Lydia ROBIN, secrétaire derédaction
- Marie-Monique ROBIN, journaliste et écrivaine
- Olivier ROELLINGER, chef cuisinier
- Laëtitia ROUXEL, auteure de bande dessinée
- François RUFFIN, député
- Agnès SACHSE, professeure d’art équestre
- Bernard SACHSE, professeur d’art équestre
- Etiennede SAINT-LAURENT, militant associatif
- Jean SARRASIN, militant écologiste
- Viviane SERRANO, syndicaliste
- Khaled SID MOHAND, journaliste
- Alain STEPHAN, syndicaliste
- Jean-Michel TAILLANDIER, nivologue
- Annie THEBAUD-MONY, sociologue de la santé (INSERM)
- Mathieu THEURIER, vice-président de la métropole de Rennes
- Thierry THOMAS, paysan et syndicaliste
- Aurélie TROUVE, agroéconomiste, porte-parole d’ATTAC
- Alain UGUEN, militant écologiste, ancien conseiller régional
- Gabriel ULLMANN, expert judiciaire en environnement
- Elise VAN BENEDEN, présidente d’Anticor
- François VEILLERETTE, directeur de Générations Futures
3 réflexions sur « Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire »
De tout cœur avec vous ❤️
Quel plaisir de rejoindre cette liste de personnalités qui vous soutiennent 🙏
Je viens de finir votre magnifique livre » algues vertes ». Je suis fils d’agriculteur breton et tout mes oncles et tantes sont éleveurs porcins ou laitier en Bretagne.
De toute mon enfance je n’ai pas pu boire l’eau du robinet. Nous allions chaque semaine regarder la publication des taux de nitrites placardée sur le mur de la mairie, et continuer à acheter de l’eau en bouteille…
J’ai vu autour de moi des paysans prisonniers de la machination agroalimentaire. Les coopératives asphyxier les agriculteurs poussés à investir de plus en plus, à s’endetter, à voir dégringoler le prix du porc et du lait puis à finir cribler de dettes pendus au bout d’un arbre.
Le comble dans cette histoire c’est que les coopératives et les syndicats agricoles ont réussi à créer de toutes pièces les boucs émissaires de la profession: les « bobos », l’Europe et les « écolos ».
Alors que les bobos et les écolos sont tout sauf contre les paysans, ils dénoncent justes les coopératives prônant des pratiques intensives, de la sur-exploitation qui vantent les mérites des OGM, des pesticides et des engrais azotés.
Une stratégie lamentable de la part des coopératives, des politiques et des syndicats agricoles.
Le secteur agricole a été le premier secteur à se transformer après guerre. Tous les autres secteurs ont suivi dans cette ultra croissance productiviste. Tout le monde le sait, même les élus, même les patrons des grosses boites agroalimentaires, même les représentants de la FNSEA, ils ne veulent juste pas admettre qu’il est temps maintenant de changer. Le monde agricole change et les autres secteurs lui emboitent le pas. Il ne faut pas être bien intelligent pour se rendre compte que c’est la fin de ce modèle.
Personne ne veut plus s’empoisonner, personne ne veut plus vivre endetté au crochet des grosses coopératives. Plus aucun agriculteur en Bretagne, ni en France, ni dans le monde ne veut de ce modèle !
Il ne reste juste qu’une petite poignée de « boomer » égo centriste qu’il faut se lancer putréfier seul et laisser disparaitre.
Grace à vous; la transition est en marche, le changement est amorcé. Comme disait Gandhi, au début ils vous ignorent, ensuite ils rigolent de vous, ensuite ils vous combattent et ensuite vous gagnez.
Grace à vous nous avons gagné et grâce à vous mes enfants pourront boire de l’eau des rivières Bretonnes sans danger.
Merci
Bel article qui donne une vision claire des vraies responsabilités. Malheureusement le système des « boucs émissaires », excellement repéré, semble encore trop bien fonctionner et égare toujours beaucoup d’agriculteurs (pas seulement bretons, bien sûr). J’espère que l’optimisme de l’auteur sera justifié dans un futur pas trop lointain.