Histoire du premier vaccin fabriqué par génie génétique : le vaccin contre l’hépatite B

Histoire du premier vaccin fabriqué par génie génétique : le vaccin contre l’hépatite B

En 1994-1995, sous l’impulsion de l’Organisation Mondiale de la Santé, une grande campagne de vaccination contre l’hépatite B est lancée en France par le ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, qui conduit très rapidement vingt-cinq millions de français à se faire vacciner.

Dans les mois qui suivent cette campagne, plusieurs neurologues de la Pitié-Salpetrière s’interrogent sur le lien possible entre la vaccination contre l’hépatite B et l’apparition de scléroses en plaques. Une première étude scientifique, menée en 1998, notamment par le pharmaco-épidémiologiste Bernard Bégaud, met en évidence l’existence d’un risque « faible (risque de sclérose en plaques multiplié par 1,7) mais non statistiquement significatif ».

Le Ministre de la santé Bernard Kouchner décide alors de suspendre la vaccination systématique dans les collèges, mais maintient celle effectuée dans les cabinets médicaux. Entre 1998 et 2004, la majorité des douze études scientifiques effectuées en France et à l’étranger, n’a pas démontré l’existence réelle d’un lien entre la vaccination contre l’hépatite B et la sclérose en plaques. Aussi, au regard de ses bénéfices (le virus de l’hépatite B serait responsable de mille trois cent décès environ par cirrhose ou par cancer du foie chaque année), le vaccin continue-t-il ainsi d’être inscrit au programme vaccinal. Notamment chez les nourrissons, pour lesquels le corps médical s’accorde à dire que le risque est nul.

Deux récentes études menées l’une chez l’adulte (Hernan and al., 2004) et l’autre chez l’enfant de 0 à 16 ans (équipe de Marc Tardieu, 2008) viendraient contredire ces consensus. Mais toutes les deux souffriraient, selon le comité technique des vaccinations, de défauts méthodologiques qui les invalideraient… En 2009, ce sont plus de mille cinq cent maladies graves post-vaccinales qui ont été signalées aux autorités sanitaires, dont un grand nombre de scléroses en plaques et autres pathologies d’allure auto-immune (lupus, maladie de la thyroïde, anomalies sanguines…).

Du côté de la justice, plusieurs centaines de plaintes sont en cours d’instruction ou de jugement. Cent vingt indemnisations ont déjà été consenties par les juridictions administratives dans le cadre de vaccinations imposées à titre d’obligation professionnelle. Les responsables des deux laboratoires pharmaceutiques SmithKline Beecham et Pasteur Mérieux MSD, fabricants du vaccin, ont été mis en examen le 31 Janvier 2008 par la juge Bertella Geffroy pour « tromperie aggravée » sur un produit ayant eu pour conséquence « de le rendre dangereux pour la santé de l’homme ».

Pendant qu’on s’inquiète toujours des effets du vaccin chez l’adulte, le Ministère de la santé s’inquiète aussi de la couverture vaccinale des enfants français, qui peine aujourd’hui à atteindre les 30%. Un taux parmi les plus bas d’Europe (huit pays n’ont cependant pas inscrit la vaccination contre l’hépatite B dans leur calendrier vaccinal). Et lance une nouvelle campagne le 24 février 2009 avec l’espoir de mettre en place la vaccination systématique, telle qu’elle est prévue dans le calendrier vaccinale, des personnes à risques (notamment toxicomanes, personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples), des nourrissons, et des adolescents n’ayant pas été vaccinés antérieurement. Ici est seulement abordée la campagne vaccinale française des années 94 et 95, qui fut la plus importante du monde. Elle s’appuyait sur des arguments abusifs : ce virus ne tuait pas quinze mille Français par an mais plutôt mille cinq cent, il ne tuait surtout pas « plus en un jour que le sida en un an », enfin il ne s’était a priori jamais transmis par la salive… arguments qui ont entraîné la vaccination d’un grand nombre de personnes qui n’encouraient pas de risques de contamination par le virus de l’hépatite B…

Pourquoi dans les médias, journalistes mais aussi médecins et ministres, ont-ils commis tant d’exagérations ? Pourquoi les organismes de surveillance sanitaire n’ont-ils pas sonné l’alerte ? Quels étaient les réels enjeux de cette vaccination ? Quelles conséquences cela a-t-il pu avoir sur la santé des Français ? Telles sont les questions soulevées, qui rejaillissent encore sur l’actuelle campagne de vaccination même si celle-ci est relancée sur des chiffres rigoureux.

Avec : Pierre Tiollais, membre de l’Institut Pasteur et de l’Académie de médecine, inventeur du vaccin recombinant Genhevac B ;
Ernest Gutmann, conseil en propriété industriel pour l’Institut Pasteur au moment de l’invention du vaccin contre l’hépatite B ;
Christian Vélot, chercheur en biologie moléculaire à l’université d’Orsay ;
Claude Béraud, spécialiste des maladies de l’appareil digestif (notamment du foie), conseiller du président de la Mutualité française de 1995 à 2003 ;
Bernard Bégaud, pharmaco-épidémiologiste, expert en pharmacovigilance sur l’affaire du vaccin contre l’hépatite B ;
Marc Girard, mathématicien, médecin, ancien expert judiciaire sur les affaires du distilbène, de l’hormone de croissance et du vaccin contre l’hépatite B.

Merci tout particulièrement à Michel Georget, Pierre-Louis Renard et Emmanuelle Thomas. Merci aussi au REVAHB (Réseau Vaccin hépatite B) et notamment à Monsieur Le Houezec et Armelle Jeanpaire ; à la juge d’instruction Marie-Odile Bertella Geffroy ; aux avocats Isabelle Montigny et Gisèle Mor ; aux juristes Aurélien Bernier, Philippe Gaudra et Marie-Angèle Hermitte. Producteur coordonnateur : Joseph Confavreux Productrice déléguée : Inès Léraud Réalisation : Rafik Zenine

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Article du « Monde » à propos du reportage :

Hépatite B : article le monde

 

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